Le Pôle scientifique et universitaire de l’Institut Français met en place une veille scientifique pour vous informer des actualités du monde de la recherche et de l’éducation supérieure en Norvège.
Le recteur de l’Université d’Oslo souhaite une coopération de recherche plus stratégique entre l’Europe et l’Afrique – 14 juillet 2020
A l’heure où le budget européen consacré à la recherche est débattu à Bruxelles, le recteur de l’Université d’Oslo, M. Svein Stølen, a une nouvelle fois appelé l’Europe à faire évoluer sa politique de coopération avec l’Afrique.
Pointant les investissements massifs de la Chine et de la Russie mais aussi la fuite des cerveaux du continent africain, M. Stølen souhaite que l’Europe adopte une politique plus stratégique, moins axée sur l’aide au développement et davantage ciblée sur le renforcement des capacités de recherche, d’attractivité et d’autonomie des universités africaines. Début 2020, M. Stølen s’était fait l’écho en Norvège de six mesures proposées conjointement par la Guilde des universités européennes et l‘Alliance des universités de recherche en Afrique (ARUA) pour réaliser ces objectifs. Parmi les propositions de la Guilde et de l’ARUA figurent la création de 40 Centres d’excellence de la recherche impliquant au minimum trois universités africaines et trois universités européennes. Les activités de ces centres seraient dédiées à des thématiques prioritaires communes telles que la santé publique, l’énergie et le développement durable, la transformation digitale, mobilité et migration, et les questions de gouvernance, de paix et de sécurité. 15% à 20% du budget consacré au partenariat avec l’Afrique devrait servir à renforcer les capacités de recherche des universités africaines selon les propositions de la Guilde et de l’ARUA.
Un acteur important de cette prise position norvégienne est le professeur Peter Maasen (UiO), spécialiste des questions d’enseignement supérieur. M. Maasen a publié en février 2020, pour le compte de la Guilde, un rapport intitulé « Developing equal, mutually beneficial partnerships with African universities ».
Objectifs de la Norvège pour le programme Horizon Europe – 03 juillet 2020
Selon Khrono, journal quotidien dédié à la recherche et à l’enseignement supérieur en Norvège, le Ministre norvégien de la recherche, M. Henrik Asheim souhaite que les chercheurs et acteurs de l’innovation norvégiens parviennent à capter 3% des financements du prochain programme cadre européen de la recherche et de l’innovation baptisé Horizon Europe. Cet objectif apparaît particulièrement ambitieux au regard du taux de captation actuel de 2,26%, dans le cadre du programme Horizon 2020. Selon une étude du cabinet d’analyse Samfunnsøkonomisk analyse, un taux supérieur à 2,8% garantirait à la Norvège un retour sur investissement bénéficiaire.
Tout en accueillant favorablement cette annonce, le directeur général du Conseil norvégien de la recherche, M. John-Arne Røttingen, qui, en septembre 2019, avait lui fixé un objectif de 2,5%, estime la barre fixée par le ministre Asheim ambitieuse, mais pas irréalisable. Avec Innovation Norway, le CNR devra intensifier ses efforts de sensibilisation et de soutien aux acteurs norvégiens de la recherche et de l’innovation. Tout en reconnaissant que l’objectif financier met les chercheurs norvégiens sous pression, le recteur de l’université d’Oslo, M. Svein Stølen a pour sa part souligné que l’intérêt de la participation norvégienne au programme Horizon Europe dépasse la seule question financière. Le plus grand organisme de recherche du pays, SINTEF, qui a capté le plus de financements européens au niveau national dans le programme H2020, se déclare quant à lui prêt à contribuer à l’effort réclamé par le ministre en doublant ses objectifs de performance.
Henrik Asheim a d’autre part exprimé ses craintes de voir le budget européen de la recherche réduit, du fait de réorientations budgétaires liées à la pandémie de coronavirus. En avril 2020, le recteur de l’université de Bergen, M. Dag Rune Olsen, a lancé une pétition adressée aux président(e)s du Conseil européen, de la Commission européenne et du Parlement européen, appelant à préserver le budget du Conseil européen de la recherche. Parmi les signataires de la pétition figurent les Français, Jules Hoffmann, prix Nobel de médecine/physiologie 2011, Jean-Pierre Sauvage, prix Nobel de chimie 2016, Christine Petit, prix Kavli Neurosciences 2018 ainsi que les Norvégiens Thomas Ebbesen, médaille d’or du CNRS 2019 et prix Kavli Nanosciences 2014, et Nils Christian Stenseth, membre norvégien de l’académie française des sciences et chevalier de la légion d’honneur.
La participation de la Norvège au programme Horizon Europe sera décidée par le parlement norvégien lors du vote du budget à l’automne 2020. S’il fait peu de doute qu’elle soit actée, M. Asheim reconnaît qu’il s’agit d’un investissement conséquent pour le pays, dont le financement au niveau domestique fera l’objet d’un débat. Selon le ministre, la part accrue consacrée à l’innovation dans le prochain programme cadre garantit un effet positif en termes d’emplois.
La Norvège prépare activement sa participation à Horizon Europe. Dans le cadre du programme « PES2020 Support to Norwegian Stakeholders Shaping the Content of Horizon Europe », le Conseil norvégien de la recherche a récemment mis en place 13 réseaux thématiques d’influence visant à faire valoir les intérêts du pays dans le prochain programme cadre. Parmi les 13 initiatives soutenues figurent les thématiques suivantes : sciences et technologies de l’océan, SHS, aviation propre, industries créatives et recherche artistique, services écosystémiques et diversité naturelle, intelligence artificielle, R&I responsable, recherche arctique, procédés industriels et fabrication.
De plus, le CNR a annoncé le 1er juillet dernier la création de 10 groupes de référence qui auront pour objectif de veiller à la bonne mise en oeuvre des objectifs norvégiens dans Horizon Europe. Ces groupes de référence, rassemblant plus de 200 chercheurs et acteurs de l’innovation du pays, couvrent les thématiques suivantes: excellence scientifique, infrastructures de recherche, santé, culture/créativité/société inclusive, sécurité sociale, numérique/espace/commerce, climat/énergie/mobilité, alimentation/bioéconomie/ressources naturelles/environnement, Conseil européen de l’innovation/écosystèmes d’innovation (ce groupe sera géré par Innovation Norway), aspects financiers et législatifs.