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À la rencontre de Jonas Tislevoll

Lauréat du Prix français 2023

Jonas Tislevoll s’apprête à rejoindre la Cité internationale des arts à Paris pour une résidence artistique de trois mois, après avoir remporté le Prix français. Nous lui souhaitons bonne chance dans cette aventure passionnante et nous avons hâte de suivre son aventure artistique dans la capitale française.

Tous les deux ans depuis son établissement en 1998, l’ambassade de France en Norvège et l’Institut français de Norvège décernent le Prix français à un artiste, à l’occasion de l’ouverture de l’exposition d’automne (« Høstutstillingen »), dans les salles d’exposition de la Maison des artistes (« Kunstnernes Hus »). Cette récompense prestigieuse comprend une résidence artistique de trois mois à la Cité internationale des arts à Paris.

Avec le Prix français, l’ambassade de France en Norvège, l’Institut français de Norvège, la Cité internationale des arts et l’Institut français Paris, souhaitent renforcer les liens entre les artistes en Norvège et en France, tout en mettant en valeur leur créativité et leur talent.

Avant son départ, et afin de se préparer pour sa résidence dans la capitale française, le lauréat a bénéficié également d’un cours intensif de français au centre « Fransk kulturhus », partenaire de ce programme.

Le lauréat du Prix français 2023

L’année dernière le jeune photographe et journaliste Jonas Tislevoll, formé à la photographie à Høyskolen Kristiania, recevait le Prix français. En nous parlant de son métier, Jonas souligne, malgré les difficultés, l’importance de suivre ses propres passions et ambitions.  

« Ce n’est pas facile de se lancer dans ce domaine, et parfois, ça peut être dur d’en vivre. L’essentiel, c’est de faire ce qu’on veut vraiment, ce qui nous passionne, à notre façon. »

Sa méthode de travail consiste à créer des documentaires et/ou reportages long format. Il utilise à la fois le texte et l’image pour une approche narrative de l’art photographique.

Cela l’amène à mobiliser le texte et l’image en réalisant des œuvres documentaires long format. Il cite, volontiers les artistes photographiques Larry Sultan et Linda B. Engelberth comme sources d’inspiration.

« Chaque fois que je me dis : ‘‘là, je travaille dur et beaucoup’’, je pense à ces artistes qui ont investi toute leur vie dans leurs propres projets. »

Adoption et débat public

 « The Final Goodbye » (2022), œuvre d’art qui a été exposée par « Høstutstillingen » et honorée par le jury du Prix français, fait partie d’un projet sur les origines de l’artiste débuté en 2001. Ce dernier retrace en effet la quête de Jonas pour retrouver sa mère biologique.

Avec son œuvre d’art Jonas souhaite mettre en lumière les difficultés liées à l’adoption et contribue ainsi à enrichir le débat public. 

La rencontre

Après plusieurs années de recherche infructueuses auprès de l’agence d’adoption, et dans une ultime tentative, Jonas retrouve enfin sa mère qui avait gardé secrète l’existence de son fils pendant 28 ans. En effet, en Corée du Sud, la honte associée au fait d’avoir des enfants hors mariage reste grande, ce qui rendait la rencontre mère-fils compliquée.  

Lors de son premier séjour en Corée du Sud, Jonas n’était d’ailleurs absolument pas certain de pouvoir la rencontrer. La pandémie avait posé des difficultés de voyage et de quarantaine, mais sa volonté était bien plus forte.

Lors de sa quatrième rencontre avec sa mère biologique, une confiance réciproque s’est installée et Jonas eut l’autorisation de prendre deux photographies de sa mère et lui-même – ce qui représentait un risque important pour cette dernière en termes de possibles sanctions sociales. C’est l’une de ces deux photographies retraçant l’ultime rencontre avec sa mère sur un banc public de Séoul qui a été sélectionnée pour l’exposition « Høstutstillingen » et a ainsi reçu le Prix français.

L’œuvre primée « The Final Goodbye » (2022) de Jonas Tislevoll. Photo : Vegard Kleven / Høstutstillingen.

Inspiration parisienne

Jonas exprime sa gratitude et ajoute :

« C’est vraiment une grande reconnaissance de ce que je représente. »

Il est également impatient de partir pour la Cité internationale des arts à Paris, et partage son enthousiasme :

« Cette résidence sera, sans aucun doute, une grande source d’inspiration et de rencontres. Je pense que cela me procurera sérénité et possibilités de développement personnel. J’ai toujours été inspiré par la France et son histoire culturelle. La possibilité de vivre dans une capitale qui est littéralement l’histoire incarnée est un rêve, et j’espère aussi que cela m’ouvrira des portes dans plusieurs domaines. J’ai vraiment hâte de visiter les galeries et de participer à un environnement aussi vaste et international que celui que représente la Cité des arts. Cette résidence sera une grande et précieuse expérience pour mon travail artistique et professionnel. »

L’atelier de Jonas Tislevoll se trouve dans le bâtiment principal de la Cité internationale des arts dans le quartier du Marais. Photo : Maurine Tric / Cité internationale des arts.