L’épidémie de coronavirus est active en Norvège, les autorités ont pris des mesures pour éviter la diffusion du virus. Le monde scientifique et universitaire applique les mesures préconisées tout en se mobilisant pour la recherche contre le coronavirus.
Le monde scientifique et universitaire face aux mesures pour lutter contre l’épidémie
Suivant les consignes du Folkehelseinstituttet, l’Institut de Santé Public norvégien, l’ensemble des établissements d’enseignement est fermé jusqu’au 13 avril 2020, cette période étant susceptible d’être prolongée. Toutes les universités et établissements d’enseignement supérieurs sont concernés par cette mesure. Les bâtiments sont donc fermés ; les enseignants, chercheurs, personnels administratifs et étudiants travaillent depuis leur domicile. Les universités mettent en place des solutions d’enseignement à distance afin que les cours puissent se poursuivre.
La Norvège a aussi pris des mesures restrictives à l’entrée sur le territoire. Aucun ressortissant étranger non-résident ne peut accéder au territoire norvégien. Les déplacements professionnels de chercheurs étrangers vers la Norvège sont donc impossibles. A ce titre en particulier, les mobilités de chercheurs prévues dans le cadre des programmes de soutien à la coopération scientifique franco-norvégienne (Asgard, PHC Aurora) sont suspendues.
Le Conseil Norvégien de la Recherche a annoncé dès le 12 mars une série de mesures pour atténuer les effets de la crise sanitaire sur le monde de la recherche. Il propose d’étudier au cas par cas les différents projets impactés ainsi que les séminaires, workshops et conférences reportés ou annulés ainsi que leurs conséquences financières. Les dates limites de réponse aux appels à projets financés par le CNR ont été reportées, tout comme celles des projets européens du programme européen H2020.
Le gouvernement norvégien a aussi pris des mesures à destinations des étudiants fragilisés par la perte d’un emploi. La date limite de dépôt des demandes de bourse a ainsi été repoussée du 15 mars au 15 avril. Cela doit permettre à ceux qui n’avaient initialement pas prévu de faire de demande d’obtenir une aide, ainsi que de réévaluer le niveau d’aide pour ceux qui auraient déjà effectuer les démarches. Le Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche M Henrik Asheim Asheim a annoncé que d’autres mesures viendraient à destination des étudiants viendraient ultérieurement.
Nouvelles contraintes pour l’expédition arctique MOSAiC
Le coronavirus a aussi un impact sur des projets scientifiques en cours et en particulier sur l’expédition MOSAiC une initiative scientifique allemande en Arctique à laquelle participent vingt pays dont la France et la Norvège. Plusieurs vols d’avions scientifiques entre l’archipel norvégien du Svalbard et le brise-glace Polarstern ont été annulés après la contamination d’un membre de l’équipe de vol. Par la suite, ce sont les restrictions de voyage imposées aux ressortissants étrangers sur le territoire norvégien qui ont entraîné l’annulation définitive de la campagne de printemps. Ces vols devaient conduire des observations scientifiques de la banquise et des conditions atmosphériques afin de compléter les données recueillies par l’équipe à bord du Polarstern. Aucun cas de coronavirus n’est déclaré à bord du navire de recherche où la dernière relève d’équipe scientifique date de mi-février. Néanmoins le calendrier des prochaines rotations d’équipe est fortement remis en question. Ainsi la prochaine rotation par avion prévue mi-avril est annulée, non seulement en raison de l’épidémie mais aussi du fait des conditions d’instabilité de la banquise à proximité du Polarstern. La direction de MOSAiC étudie les possibilités d’organiser cette par d’autres moyens[1]. Cinq chercheurs français se trouvent actuellement à bord du Polarstern, actuellement localisé autour du 86.5°N.
La recherche mobilisée contre l’épidémie
Les chercheurs norvégiens sont aussi mobilisés dans la lutte contre l’épidémie. Le Conseil Norvégien de la Recherche a lancé un appel à projet pour financer des études liées au virus avec un budget dédié de 30 millions de couronnes (3 millions d’euros). La date limite de dépôt de candidature est fixée au 31 mars, le financement de chaque projet est plafonné à 5 000 000 NOK (500 000€). Les thèmes de l’appel à projet couvrent l’épidémiologie, les méthodes de suivi des patients, l’observation clinique, le système de santé public et la dimension sociale de la réponse à l’épidémie.
Certaines équipes de recherche ont déjà orienté leurs travaux pour mieux comprendre l’épidémie en cours. Le centre d’innovation BigInsight est ainsi en train de développer un moyen d’exploiter les données des téléphones mobiles dans le but d’anticiper la diffusion de l’épidémie et d’identifier les foyers de contamination[2]. L’Hôpital Universitaire d’Oslo a lui mis en place une étude pour mieux connaître ce virus et améliorer la réponse des services de santé. L’étude a été approuvée par le Comité régional d’éthique et les instances de l’université, il est prévu qu’elle soit étendue progressivement à d’autres hôpitaux.
Enfin la Norvège fera partie du vaste projet d’essai clinique organisé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) visant à évaluer l’efficacité de différents traitements contre le Coronavirus ; dix pays ont déjà confirmé leur participation dont la France et la Norvège. L’essai se focalisera sur le test de quatre traitements sélectionnés par un panel de chercheurs réunis par l’OMS[3].
Publié le 25/03/2020 à 10h14
Léa Dubreuil, Pôle Scientifique de l’Institut Français de Norvège
[1] Alfred Wegener Institut (19 mars 2020), MOSAiC aerial survey campaigns for the atmosphere and sea ice temporarily suspended – link
[2] The Research Council of Norway (16 mars 2020), Skal forutsi spredning av koronasmitte med mobildata (Prévision de la propagation de l’épidémie de coronavirus à partir des données mobiles) – link (en norvégien seulement)
[3] ScienceMag (22 mars 2020), WHO launches global megatrial of the four most promising coronavirus treatments – link